Surdité et accès à la langue par Philippe SERO-GUILLAUME

Parmi les sourds, certains grâce à un appareillage ou une implantation et dans tous les cas une prise en charge très précoce accèdent au langage oral avant d’aborder l’écrit. Cependant en général, le jeune sourd apprend la langue dans le même temps qu’il apprend à lire et à écrire. Il ne s’agit pas pour lui comme pour son homologue entendant, d’accéder à l’écrit mais de s’approprier la langue par des procédures écrites puisque, comme on ne le dira jamais assez, l’enfant sourd ne maîtrise pas la langue lorsqu’il aborde l’écrit, à la différence de l’enfant entendant qui l’a apprise en famille avant toute forme d’enseignement. Et ipso facto l’enfant sourd est autrement plus dépendant de la prise en charge orthophonique et de l’enseignement qui lui sont proposés s’agissant de son accès au langage. Bien évidemment l’acquisition de la langue des signes ne présente pas les mêmes difficultés puisqu’elle lui est accessible comme la langue orale l’est pour l’enfant entendant, sans effort particulier, à condition toutefois qu’on lui fournisse un environnement favorable. Ceci dit, comme l'indique Denise Sadek Khalil dans son ouvrage L'enfant sourd et la construction de la langue: «aucune solution magique, aucune option partiellle ne permettra jamais d'éviter le problème psycho-pédagogique puisque, sourd ou entendant, [monolingue ou bilingue ajouterais-je], il s'agit de l'éducation d'un enfant.