La philosophe Catherine LARRERE : grand témoin de cette édition 2023 

Spécialiste des questions écologiques, d’un point de vue éthique et politique, c’est en étudiant la dimension sociale que j’ai été interpelée par les gens du voyage. Du fait de la crise environnementale, nous vivons tous dans un « monde abîmé » (par les pollutions, les dégradations des sols, les catastrophes climatiques diverses…), mais certains, les plus défavorisés et les plus vulnérables, sont plus affectés que d’autres : c’est ce qu’on appelle les inégalités environnementales. Les travaux de William Acker ont attiré mon attention sur la façon dont les gens du voyage sont victimes de ces inégalités, au point qu’il parle de « racisme environnemental » : les aires d’accueil, notamment, sont le lieu d’une fabrique politique d’inégalités environnementales.

 

On peut aussi retourner la question et se demander comment les gens du voyage, qui défendent, malgré vexations et répression, leur mode de vie, appréhendent la place qu’ils peuvent avoir et le rôle qu’ils peuvent jouer dans la transition écologique.